Le désherbage vous pose problème ?
Si vous les laissez se développer, vos cultures sont vite envahies par les « mauvaises herbes » (j’emploie ce terme pour que tout le monde comprenne, mais si vous suivez ce blog depuis un moment, vous n’ignorez pas que je préfère celui d’adventices, plus juste… car aucune herbe n’est mauvaise en soi), pompant ainsi une partie de l’eau et des éléments nutritifs indispensables au développement des cultures… les étouffant même complètement parfois.
Maîtriser les adventices est donc un impératif, tant pour les cultures légumières et de petits fruits que pour les parterres de fleurs ou de plantes aromatiques (même si ce sera également utile pour les 2 ou 3 premières années, c’est ensuite moins vrai pour les arbres, bénéficiant d’un enracinement plus profond, et d’un développement végétatif plus haut, que les herbes spontanées).
Mais, et vous l’avez sans doute déjà constaté, sans désherbant chimique, maîtriser les « mauvaises herbes » n’est pas forcément évident…
Dans un potager naturel, 2 approches (souvent complémentaires) sont envisageables :
- occulter le sol afin d’empêcher les adventices de se développer au sein de nos cultures
- éliminer les herbes indésirables, mécaniquement ou à l’aide de produits naturels
Mais avant de voir comment maitriser les adventices sur les cultures en place, voyons déjà comment opérer pour la création d’une parcelle potagère.
Désherber avant la mise en place de cultures
La première difficulté à laquelle est confronté tout jardinier démarrant un potager, ou une nouvelle parcelle de culture, est d’éliminer les adventices en place afin de pouvoir commencer à cultiver (que ce soit un engrais vert ou une culture légumière).
Pour se faire, il existe une méthode très efficace, le désherbage par occultation du sol.
Deux approches sont possibles :
Désherber par occultation
Le bâchage

Cette approche consiste à couvrir le sol, pendant plusieurs mois, avec une toile de paillage ou une bâche opaque.
De préférence à l’automne, après avoir tondu à raz (laissez les tontes sur le sol), posez la bâche sur un sol encore chaud mais humide (si ce n’est pas le cas, arrosez avant de poser la bâche…).
Une certaine température du sol et l’eau sont les conditions pour permettre le développement de la vie dans le sol.
En début de printemps, lorsque vous retirerez la couverture, les adventices auront disparu, digérées par le sol (donc l’enrichissant au passage).
Vous n’aurez alors plus qu’à travailler la terre, à la Grelinette ou à la Campagnole… ou simplement percer la bâche ou la toile aux endroits voulus pour y creuser des trous de plantation.
Cette occultation peut se faire avec une toile de paillage (de préférence biodégradable), mais ça coûte cher…
Il est également possible d’utiliser une bâche noire pour l’ensilage (ce type de bâche étant suffisamment épaisse pour une bonne occultation).
On est d’accord…
Cette solution, du fait de l’utilisation de plastique, n’est pas vraiment écologique. Mais cette bâche peut ensuite être réutilisée (pour créer d’autres parcelles de culture ou par exemple pour cultiver des melons, comme je le fais personnellement).
Notez que vous pouvez utiliser de la même façon d’autres matériaux occultants de récupération (une vieille moquette peut par exemple faire l’affaire).
Par contre, n’employez pas de plastique transparent. Oui, c’est aussi efficace, mais ça tue toute vie dans le sol (c’est d’ailleurs interdit en agriculture biologique).
Le paillage

Pour occulter le sol et éliminer ainsi les mauvaises herbes avant d’implanter des cultures, il y a une méthode plus naturelle : la mise en place d’un paillage épais (au moins 30 cm pour une bonne efficacité) avec du foin, de la paille, des feuilles mortes ou encore du BRF (notez qu’avec ce matériau, une épaisseur de 30 cm entrainerait probablement une asphyxie du sol… voyez l’article sur le BRF pour plus de précisions).
Il conviendra là aussi de couvrir le sol en une période favorable (l’automne, pour les mêmes raisons que précédemment) laissant en outre suffisamment de temps pour que l’occultation soit efficace.
D’un point de vue écologique (emploi de matériaux naturels, enrichissement du sol lors de la décomposition du paillage), c’est évidemment la meilleure approche possible.
Au printemps, vous n’aurez plus qu’à écarter le paillage pour semer ou planter… si la terre a bien été ameublie (sinon, un petit travail d’ameublissement à la Grelinette ou à la Campagnole sera utile).
Mais attention…
Si le sol est particulièrement tassé, ou sans vie, cette couverture épaisse n’arrangera pas les choses… et la terre, au printemps, risque d’être dure comme du béton…
Mieux vaut donc à mon avis tester sur un petit carré que d’entreprendre tout un potager de cette façon…
Le travail du sol
Outre la méthode par occultation, il est évidemment possible de désherber en travaillant la terre en vue d’y cultiver…
Quelle que soit la méthode employée pour démarrer, des herbes spontanées vont redémarrer (par des graines se trouvant dans le sol ou par des racines « coriaces »).
Et si l’on ne fait rien, elles risquent fort d’entrer en concurrence, voire d’étouffer vos cultures.
Avant de voir les différentes techniques de désherbage, commençons par aborder une approche qui permettra de s’en passer…
Couvrir le sol pour maîtriser les adventices en cours de culture
Si vous avez occulté le sol avec l’une ou l’autre des techniques présentées ci-dessus, vous pouvez tout simplement laisser les couvertures (bâches ou paillage) en place pour la culture (en tout cas pour des plantations de plants élevés en pépinière… pour des semis directs, vous devrez forcément les écarter, tout au moins ponctuellement, au minimum le temps du semis et de la levée).
Mais sinon, vous pouvez aussi mettre en place ces couvertures avant (pour les toiles de paillage) ou après (pour le paillage) la mise en place de la culture.
Les toiles de paillage
Nombreux sont les maraîchers ayant recours aux toiles (ou films) de paillage.
C’est en effet une solution très efficace, permettant un gain de temps précieux pour un professionnel.
Mais ça coûte cher.
Les films de paillage écologiques (biodégradables) ont en outre une durée de vie très courte (une saison…).
Et même si ils se décomposent dans le sol, on ne peut pas dire qu’ils nourrissent véritablement celui-ci.
A mon sens, pour un jardinier amateur, le paillage est préférable.
Le paillage

Il s’agit plus ici d’empêcher de nouvelles adventices de pousser que de désherber à proprement parler…
En fait, nous allons pouvoir nous passer de ce travail de désherbage (à part arracher d’éventuelles plantes s’étant développées malgré la couverture).
Cette économie de temps de travail, mais aussi parce que le paillage sera favorable à la vie du sol et limitera les besoins en arrosage, font que c’est là la meilleure approche possible…
Mais le paillage n’est pas toujours approprié.
Je pense notamment ici aux cultures précoces (le sol couvert ne pourra se réchauffer… ce qui sera défavorable au développement de la végétation) ou encore aux rongeurs et limaces (aimant nicher dans un bon paillage, et dévorant les jeunes plants s’y trouvant)…
Bref, lorsqu’un paillage n’est pas réellement une bonne solution, nous pourrons alors avoir recours à des techniques de désherbage…
Désherber naturellement
Désherbage manuel sur les cultures
Pour désherber, la méthode la plus écologique (et économique) qui soit consiste tout simplement à arracher la plante indésirable, avec ses racines, à la main.
Il convient ici d’agir rapidement et régulièrement (plus la plante est enracinée, plus elle sera difficile à arracher).
Afin d’éliminer la plante avec les racines (sans quoi, elle risque de repousser rapidement), opérez après des pluies (ou un arrosage), en prenant la plante à la base, et en tirant vers le haut.
Les racines « coriaces », comme celles du rumex, du chiendent ou d’orties par exemple, doivent être évacuées, sans quoi de nouvelles pousses risquent fort de redémarrer. Pour des herbes au système racinaire plus frêle, plus fragile, vous pouvez tout laisser à se décomposer sur la planche de culture (ou le parterre de fleurs), en tout cas si il y a du soleil (si le temps est pluvieux, mieux vaut également tout évacuer pour éviter un redémarrage).
Bon, on est d’accord, ce travail peut s’avérer fastidieux, et chronophage.
Vous pouvez alors avoir recours à des outils…
Désherber mécaniquement avant et pendant les cultures
Voici quelques outils de désherbage mécanique : sarcloir, binette ou serfouette, cultivateur à main pour un désherbage minutieux, houe à pousser (pour des surfaces importantes), arrache-rumex (pour des plantes adventices à fort enracinement).
Certains refusent le recours à tout objet tranchant, car nuisant à la vie du sol… c’est à relativiser.
Certes, la lame d’un outil pourra malencontreusement, et très occasionnellement, couper un ver de terre en deux (et contrairement à la croyance populaire, ce dernier n’y survivra pas).
Certes, la structure du sol sera quelque peu perturbée par un passage d’outil, mais de façon très minime (il n’y a pas de retournement).
Mais quand je vois ces mêmes jardiniers, hurlant au blasphème à la vue d’un outil tranchant, utiliser des méthodes encore plus néfastes (celles dont je parle plus bas), car aux effets plus globaux et durables, je demeure persuadé que l’utilisation d’outils mécaniques, reste un compromis acceptable (sachant qu’en jardinant, on perturbe de toute façon forcément un équilibre naturel).
Voici une petite démo avec divers outils :
Désherbage thermique sur les terrasses et les allées et, éventuellement, avant et pendant les cultures
Les désherbeurs thermiques sont des outils qui, par la production d’une forte chaleur (produite par du gaz ou de l’électricité), vont détruire les herbes indésirables.
Les désherbeurs thermiques à gaz sont efficaces, mais pas très faciles à utiliser et surtout nuisant à la vie du sol (une flamme détruit tout sur son passage…), tout au moins sur les premiers centimètres.
Les désherbeurs électriques sont plus simples à utiliser, et réputés moins nocifs pour le sol (il n’y a pas de flamme… mais bon, une température de plusieurs centaines de degrés ne doit quand même pas trop plaire aux organismes vivants dans les premiers centimètres du sol)… mais il sont beaucoup moins efficaces que les désherbeurs à gaz.
Au jardin (potager ou ornemental), un désherbage thermique avant l’implantation de cultures permettra de semer ou de planter dans une terre indemne d’adventices, et ce pour plusieurs semaines (les graines situées en surface sont également détruites). Par la suite, on peut désherber entre les cultures (en faisant bien attention à ne pas atteindre les légumes, aromates ou fleurs…).
Mais, du fait d’un impact négatif sur la vie du sol, je ne conseille pas vraiment ce procédé au potager ou sur les parterres fleuris.
Ces appareils, à l’instar des produits présentés ci-après, peuvent toutefois avoir leur utilité hors zones de cultures (terrasses, allées).
Quelques produits « naturels » pour désherber
Ces produits, fussent-ils naturels, ne sont pas sans conséquence sur la vie du sol…
Ils sont à mon sens utiles pour des allées ou terrasses par exemple, mais je ne les recommande pas pour le potager ou les parterres de fleurs.
- le vinaigre blanc : pulvérisez par temps sec et chaud (20° C minimum) sur les herbes à éliminer. Le vinaigre est très toxique pour les vers de terre et de nombreux insectes (dont évidemment des « auxiliaires »)… à éviter donc au jardin
- le gros sel : versez du gros sel sur les herbes indésirables… à éviter absolument au jardin. C’est extrêmement nocif pour la vie du sol
- l’eau de cuisson : sur les allées ou votre terrasse, versez l’eau de cuisson tiédie de vos pates, pommes de terre…
- le bicarbonate de soude : par temps sec, soupoudrez un peu de bicarbonate de soude (pas plus de 2 cuillères à soupe par m²) sur les allées ou les dalles de votre terrasse
- le purin d’ortie pur : versez du purin d’ortie non dilué sur les herbes à éliminer… vous verrez les effets en 2 ou 3 jours
Vous avez désherbé ? Paillez… pour ne pas avoir à le refaire !
Merci de partager ci-dessous vos propres expériences, vos remarques, vos questions…